Norta
Le carré des mathématiciens











Attention : endroit dangereux.

Les mardis et jeudis, juste après le repas de midi, on peut voir sur cette petite place des personnes se promener, l'air songeur, seuls ou en train de discuter en petits groupes. Ce sont des savants, parait-il. Il ne faut pas les déranger. Rien ne sert non plus de les écouter, car on n'y comprendrait rien. C'est à se demander si eux y comprennent quelque chose. D'après l'écriteau à l'entrée de la place, il s'agit de mathématiciens. Une espèce parmi les plus dangereuses.

D'ailleurs, il y a une barrière à l'entrée de la place, et une petite cahute avec l'écriteau. Pour entrer il faut montrer patte blanche, ou plutôt démontrer quelque chose de difficile. Plusieurs problèmes sont affichés et le garde-chiourme en tire un au hasard pour vous. Certains problèmes sont très difficiles, même pour les matheux, et on peut encore voir les restes et les cadavres de ceux qui n'ont pas réussi à côté de la cahute. Le garde-chiourme les a disposé dans un parterre de fleurs pour rendre le tout plus agréable.

Car on peut être mathématicien et aimer le beau et l'élégant. Il parait que ça va même ensemble.

Lorsque leur promenade est terminée, le garde-chiourme rentre lui-aussi dans son repaire et la place redevient accessible à tous. Mais méfiez-vous. Il peut trainer des résidus de corollaires ou même des théorèmes.

Il vaut mieux éviter cet endroit. Il circule quelques anecdotes terribles sur cette place...

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Le cercle des mathématiciens

Le met-on dans le carré ou met-on le carré dans le cercle,
C'est la quadrature du cercle,
et que fait-on du triangle ?
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On fait de la musique ! Les maths en musique c est plus sympathique.. Un géomètre qui joue du triangle tourne -il vraiment rond ? Tout est question de mesure.
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La Convergence des Esprits Gémissants
C'était une fin d'après-midi où la lumière du jour, après avoir longuement décrit ses paraboles au-dessus de la ville, venait s'échouer en douceur sur la place pavée, traçant d'imperceptibles diagonales entre les silhouettes affairées. Là, trois esprits géométriques, trois âmes rigoureusement encadrées par l'amour du théorème, se retrouvaient autour d'une table chacun devant un demi de bière .si on m'en empêche, je porte plainte contre x ! Ils discutaient, chacun courbé sous le poids d'un problème qui, en cette heure fatidique, semblait avoir pris une tangente bien trop brutale .
-- Je te jure, Alphonse, mes trapèzes me torturent ! Je vais voir un médecin. " Léonard, géomètre passionné, se tenait penché en un angle de soixante degrés ou de force! les mains pressées sur ses épaules.
-- J'ai le sentiment que mes muscles sont devenus des parallélogrammes défectueux, des polygones en détresse ! "
-- Ne sois pas aussi elliptique, Léonard ", rétorqua Alphonse, statisticien obsessionnel du probable et du possible, encore hagard d'une mésaventure qui l'avait frappé quelques minutes plus tôt.
-- Moi, c'est mon cœur qui est en mode exponentiel. Figure-toi qu'une inconnue m'a abordé, m'a regardé droit dans le segment des yeux et m'a dit : "Je vous reconnais, vous êtes la solution de mon équation !"
Il essuya son front en sueur, mesurant mentalement la pente vertigineuse de son trouble.
-- Alphonse, je te l'ai dit cent fois, gronda alors Théodule, arithméticien inflexible, homme de principes aux angles droits et aux certitudes indéboulonnables.
-- L'amitié, c'est un polygone régulier : ça doit tenir, sinon c'est un losange dégénéré ! Moi, je ne veux pas qu'on arrondisse les angles sous prétexte de bons sentiments. Je ne suis pas un cercle mou, moi ! "
Léonard, se massant les épaules, lâcha un soupir qui aurait pu être un logarithme décroissant.
" Mais enfin, Théodule, tout dans la vie ne peut pas être une somme algébrique parfaite. Il faut parfois accepter les irrégularités, les courbes inattendues ! "
Théodule haussa un sourcil perpendiculaire.
-- La vie ? Un enchevêtrement chaotique d'angles morts et de segments brisés ? Pas question. Moi, je trace ma route et prend le chemin toujours le plus court, je garde ma ligne droite et gare à celui qui veut me faire dévier ! "
Alphonse, encore en pleine intégration émotionnelle de sa rencontre fatidique, soupira.
-- Vous ne comprenez pas... Mon inconnue m'a regardé avec cette intensité vectorielle, et j'ai senti une force centripète m'attirer vers elle... J'ai peut-être trouvé mon asymptote idéale. "
Léonard et Théodule se regardèrent, consternés.
-- C'est une erreur de calcul , affirma Théodule, catégorique, tu es trop entier, Les relations humaines ne sont que des fractions irréductibles d'instants mal empilés. "
-- Peut-être, mais moi, je compte bien résoudre cette équation ! " s'exclama Alphonse, et il partit, laissant derrière lui un Léonard toujours perclus de douleurs orthogonales et un Théodule qui refusait, avec la raideur d'un carré parfait, d'accorder un quelconque crédit aux irrationnels sentiments de son ami.

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Un ange passe. Il est venu parce qu'on lui a dit qu'ici se trouvait une trinité logique.
Mais ils ne sont plus que deux, constate-t-il.
Ça ne sert à rien de rester. Alors il repart.
Mais il laisse quand même un problème à trois corps posé sur le sol au centre du carré.
Histoire de les occuper un peu...
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