Forestia
rue de l'Ancienne Gare











Depuis des heures, il attendait. Le temps passait au compte-gouttes, étiré comme une gomme à ceci près qu'elle n'était ni rose ni dorée.
Combien d'heures assis sur ce banc de gare, insensible au mouvement des uns et des autres, se tournant de temps en temps vers la grande horloge, reposant ses mains l'une sur l'autre. Croyait-il influer sur le cours des choses en cherchant celle qui, sans doute, n'arriverait plus?
Pourquoi l'avoir rencontrée, pourquoi avait-elle retourné sa vie, pourquoi avait-il glissé d'espoir et de certitude vers une émotion un peu glauque? Pourquoi lui avait-il composé ses plus beaux airs? Se retrouver ainsi, naïf et seul, au travers d'une foule indifférente, le projetait vers une dernière année en dents de scie, entre mots doux et bouderies, entre être à l'endroit ou à l'envers, créatif et aphone, vif et perdu.
Cet après-midi-là, il fut si transparent que personne ne le vit. Il ne le réalisa pas.
Pour être passée là par le plus grand des hasards quelques jours plus tard, je l'ai croisé. Il m'a semblé voir un être sans carapace, débarrassé peut-être de cette peine infinie qui lui avait collé à la peau. Je n'ai eu qu'à lui dire bonjour. Rien que.
C'est ainsi que je me suis prise d'amour pour lui et son sourire un peu triste.
Cela dure encore.


----------------



Votre email (si vous voulez être informé de la décision du Gardien, Merci)

Votre nom/Pseudo (si vous le souhaitez)

ou