Aula
rue du Parsec











Demain matin, il faudra que tu m'expliques ce qu'est un quasar

Ils étaient huit.

Choisis au hasard parmi le temps et les lieux. Aucun n'avait vu un quasar.

Le premier n'avait qu'une heure. Il tétait le sein de sa mère pour la première fois, maladroit et pourtant avide. À peine une réminiscence d'un lieu douillet et d'un passage difficile à franchir. D'un premier cri et d'avoir traversé l'espace entre exister et mourir. Infiniment vivant. Une fois de plus, un nouveau chemin et peut-être un nouveau karma.

Le second s'appelait Samuel. Six ans et des poussières. À l'instar de son grand-père, de son arrière-grand-père, de son arrière-arrière-grand-père. Huit générations à porter le même prénom, à recomposer sans doute le même destin. Dans un désert, à perte de vue.

Le troisième, lapon de son état, parti trapper à l'heure où je vous parle. C'est un temps de transhumance pour les rennes. Les lièvres ont déjà blanchi, sautent dans la neige en pas erratiques et nerveux. S'abritent sous les conifères. Lui aussi, Il a appris les gestes et les techniques de son père. Du haut de ses quinze ans, il sait poser les pièges, relever les collets, ne tue que ce qu'il faut, quand il le faut. Grave avec son canif les prises. Chaque mois, en fait le cumul.

Les quatrième, cinquième et sixième sont triplettes. À Buenos Aires. Nées en 1886, battantes et audacieuses, laquelle a la peau la plus dorée, le regard le plus pétillant, la soif d'apprendre la plus vive. Onr, de ne pouvoir écrire un récit. Est-il mort à Sedan, est-il mort le long de la Marne? Il est mort, rien d't-elles écrit leurs vies, raconté leurs destins et leurs amours? Il n'en existe plus trace, les documents ont été brûlés il y a longtemps déjà. Mais on fait savoir encore aujourd'hui combien elles étaient magnifiques et inventives. Il ne reste qu'une fresque, un peu émoussée, gravée à six mains, sur le bois du lavoir. On raconte même qu'elles y viennent encore au petit matin. Leur rire, dit-on, ressemble aux chants des colibris. J'y crois.

Le septième, infinie tristesse, est mort dans un champ de blé, son fusil échappé de sa main, les yeux ouverts dans une dernière désespérance. Il ne repose nulle part, ni tombe, ni cimetière. Comme un paria, ce qu'il n'était pas. Vie donnée, vie retirée, à la vitesse d'un éclair. Sans roulements de tambours et décorations militaires. Famille en peine de ne pas savoir, de ne pouvoir berceautre à dire qu'avec des larmes, une mèche d'enfance et une partition de musique.

Il me dit qu'il me parlera des quasars demain.

- Sans faute?
- Sans faute.

Puis le huitième, d'une autre époque. Le compositeur. Flûtes en roseau, mélopées au coucher du soleil. Des rouges à l'horizon, des bleu crème au petit matin. Un berger sans doute, un chien aboyant au moindre écart du troupeau, un fromage en besace et des airs à profusion dans la tête. Il n'en avait pas vu non plus, n'en savait ni le nom ni la réalité. Pourtant le seul à connaître un ciel si clair, à lever la tête vers la voie lactée. Le seul qui aurait su leur donner des noms, à les surprendre, tapis entre les étoiles.


Tu me parleras demain de ces quasars dont j'ignore presque tout, de ces deux a quasi collés dans un mot, de ces a de millions d'années, avaleurs de soleils et d'infini?

- Sans faute.

Sache que les quasars brillent parfois autant qu'un milliard de milliards d'étoiles. Sans en être certain, on croit aujourd'hui que deux galaxies entrent en collision. L'énergie créée est presque impossible à concevoir. Il pourrait arriver que la voie lactée entre en collision avec Andromède. N'aie pas peur! Tu as le temps d'apprendre 5 langues, de faire pousser tes légumes, de découvrir de nouveaux amis!

Plus précisément le terme quasar est à l'origine une contraction de " source radio quasi-stellaire [de type étoile] "

- J'en perds mon latin !!!

Mais non, mais non ! Tu n'as pas à t'y retrouver complétement. Tu n'es pas astrophysicienne! Ils n'ont été identifiés que dans les années 50! Mais tu proche de la Terre dans un amas de galaxies.
as dû entendre parler des trous noirs qui attirent furieusement la matière vers l'ets puissants.intérieur, produisant un rayonnement intense et parfois des jets puissants. H1821+643 est le quasar le plus proche de la Terre dans un amas de galaxies.

Pense à ton attirance indéfectible pour un carré de chocolat! Oui, je sais, c'est bancal comme comparaison, mais passons! Retiens seulement l'immensité de cet objet céleste et sa luminosité inouïe qui absorbe chaque jour la puissance d'un soleil et brille 500 000 milliards de fois plus que notre soleil.

- Je te le dis maintenant... sans faute, je reste sur terre! Sans avoir tout compris !!!


Finalement, le berger compositeur en avait peut-être vu un ou deux... L'histoire ne le dira pas, même le professeur ne le sait pas!


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Oh la la. Je n y comprends rien à cette histoire de Parsec et de quasar.
Pas étonnant, je ne suis pas astropysicien.
Mais si je me promène dans cette rue, siège de beaucoup d universités scientifiques et d instituts de recherche, je croise des chercheurs, des étudiants les pieds sur terre mais la tête dans les etoiles, tels des professeurs Tournesol modernes. Et comme ils sont tous un peu poètes pour peu que vous preniez le temps de les écouter ils vous entraînent avec eux dans les étoiles, les trous noirs ou autres... pour un voyage fascinant. Alors vous vous sentez en même temps tout petit, poussière d étoile, et très grand, chaînon indispensable de l univers.
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