Aula
rue circulaire au parc de la transition











Ici le barde chante la nuit durant, pédalant, pédalant tout autour du Parc en devenir...

D'où viens-tu ? Où vas-tu ?
Flottant entre deux doutes
la réponse est la route
à jamais suspendue.

*

Le regard égaré
panique quand il entre
avec la peur au ventre
dans le temps délabré.

Suçotant le bonbon
brûlant des canicules
poivrées de particules,
on gîte à reculons.

Nous avons inventé
pesticides, plastiques
bagnoles, numérique
pour finir garrottés.

*

Tu consommes, tu prends,
aussi vite tu jettes,
sitôt vide, l'assiette
doit se remplir d'autant.


Du sel nous désaltère,
tel, on s'autoconsomme.
Ce virus que nous sommes
calamine la terre.


Nous ne consommons rien
de ce que l'on produit,
pour ce qui nous nourrit
va savoir d'où ça vient.



*

On chasse les richesses,
on se shoote au présent,
on mâche entre ses dents
le quignon des promesses.


On croit qu'on devient riche
en bétonnant les terres,
à ce jeu délétère
croît en nous une friche


de pensée pour plus loin,
empêchant de prévoir
dans le matin le soir
et dans le plus le moins.

*

Nous rêvions de bâtir
tandis qu'on détruisait
nos cycles - qu'on rasait
l'avant pour l'avenir.

*

On s'élève, croit-on,
ivres de ce qu'on gagne.
Sur le mât de cocagne
de l'humaine illusion

irrémédiablement
on glisse, on s'en amuse,
inventant mille ruses,
on se moque, on se ment.

Ce que l'on gagne vaut-
il plus que ce qu'on perd ?
on ne tue pas le père
sans perdre aussi ses mots.

*

Rien n'est acquis, jamais,
ni pouvoir, ni empire,
ni le mieux, ni le pire,
ni ce que tu aimais.


Tu sais tout ça : le gouffre,
la fin et le néant.
Tu vis en attendant
qu'un futur monde en souffre.


Tu sais et tu te tais
et ton silence berce
ce frauduleux commerce
d'un bonheur au rabais.

*

On voudrait (on sait pas)
s'arrêter, bifurquer,
changer sans déranger
le rythme de nos pas.


Si on veut pas crever
sous la livrée du trop,
soyons nus, soyons beaux
comme un soleil levé.


Plutôt que d'abondance,
nourrissons-nous du mieux,
et buvons le vin vieux
de nouvelles jouissances.


Partout où l'œil se pose,
sous chaque lampadaire,
l'horizon happe l'air
quand le champagne explose.

*

Je rêve des étés
aux éclats coquelicots,
je rêve d'animaux
chasseurs de libertés,

de nuits incandescentes
et de neige en hiver,
je rêve de frontières
à l'Histoire innocente,

je rêve de baisers
Prince ou bien Cendrillon,
femme, homme ou papillon,
aux désirs aiguisés.

*

Je voudrais pas crever
sans jouir de qui je suis,
en plein jour, pleine nuit,
je rêve de rêver.


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